À partir de ses recherches sur le soufisme à l’époque mamelouke, Eric Geoffroy a mis en exergue, dans ses travaux, les liens unissant soufisme et islam. Il a particulièrement étudié la voie initiatique Shâdhiliyya, école spirituelle qui a eu un fort impact jusqu’en Occident contemporain (René Guénon était shâdhilî). Il a également travaillé sur l’émir Abd el-Kader, et l’harmonie que celui-ci veut établir entre spiritualité et modernité. Il n’a pas délaissé les modalités de l’inscription du soufisme dans le monde contemporain, et a plus particulièrement étudié les défis que pose la postmodernité à la fois au religieux et au spirituel. Les relations entre soufisme et salafisme retiennent également son attention.
Il traite également de questions purement épistémologiques. Il travaille sur les rapports entre physique et métaphysique en islam, au sein d’un groupe de recherches international, et a produit à ce titre un long article intitulé « Les voies d’accès à la Réalité dans le soufisme ». Il y montre notamment que toute approche doctrinaire, qu’elle soit scientifique ou religieuse, est incomplète en ce qu’elle ne capture qu’une phase de la Réalité. D’autre part, il continue à explorer la dynamique entre académisme et objectivité scientifique. Il a également été amené à traiter de plus en plus la dimension éthique et écologique de l’islam.
Il a dirigé la collection Valeurs d’Islam, collectif commandé par la fondation Fondapol (dir. Dominique Reynié), et a produit le premier fascicule de cette série : « Le pluralisme en islam, ou la conscience de l’altérité », dans Valeurs d’Islam, P.U.F., Paris, 2015, p. 17-46. Traduit en arabe.
En 2020, il a publié chez Albin Michel : Allah au féminin – Le Féminin et la femme dans la tradition soufie, et a fait de nombreuses interventions ou conférences sur ce sujet. En quelques années, il a produit trois ouvrages sur le cheikh Ahmad al-‘Alâwî (m. 1934).

Ouvrages

Jaillissements : Les commentaires du Coran par le Cheikh Ahmad al-'Alâwi
Le cheikh algérien Ahmad al-‘Alâwî (m. 1934) est un autodidacte au génie spirituel précoce. Issue de la tradition Shâdhiliyya-Darqâwiyya, la voie (tarîqa) ‘Alâwiyya dont il est le fondateur, a connu une expansion fulgurante. De nos jours encore, l’influx initiatique du cheikh rayonne dans le monde, à travers les nombreuses ramifications de la voie-mère.
Le cheikh a écrit dans de nombreux domaines de la science islamique, y compris exotérique (théologie, droit…). Mais ce sont ses textes portant un enseignement ésotérique et initiatique qui nous parlent le plus aujourd’hui. D’évidence, le cheikh a bénéficié d’une « ouverture spirituelle » (fath) concernant la compréhension du Coran, à en juger par l’omniprésence des références coraniques qui nourrissent ses poèmes comme ses textes en prose. Il vivait le Coran comme une réalité incarnée en lui, et les commentaires présentés ici en sont un témoignage saisissant.
Allah au féminin : Le Féminin et la femme dans la tradition soufie
A l’encontre de la misogynie ordinaire qui traverse tous les milieux, sans épargner les plus « éveillés », il est indéniable que le Dieu de l’islam présente des aspects profondément féminins. Dieu ne se nomme-t-il pas lui-même « le Tout-Miséricordieux » (expression coranique qui renvoie à la « matrice » de la femme) ? Ainsi, nombre de maîtres soufis ont exalté la précellence spirituelle du principe féminin, et se sont parfois adressés à « Elle » plutôt qu’à « Lui ».
Eric Geoffroy, islamologue et spécialiste internationalement reconnu du soufisme, rend compte ici de cette face méconnue de l’islam, à travers ses développements sur l’androgynie originelle de l’humanité, l’évocation de grandes figures féminines comme Marie et de saintes soufies.
Ce tableau étonnant débouche sur l’évolution actuelle du soufisme qui ouvre des voies nouvelles dans la pratique musulmane : nous découvrons des femmes théologiennes, des imames, et même des cheikhas de confréries, qui s’imposent par leur dimension spirituelle. Il nous permet aussi de mieux saisir en quoi le Féminin semble incarner l’avenir de nos sociétés.
Cheikh Ahmad al-'Alâwî. Vivificateur de la Voie Soufie
“L’expérience de l’Unicité (Tawhîd) est tel le feu : elle n’investit pas une chose sans la brûler afin d’en chasser les impuretés !”
Né en 1873 ou 1874 à Mostaganem, dans l’Algérie coloniale, Ahmad Benalioua – nommé par la suite « cheikh al-‘Alâwî » – est un autodidacte au génie spirituel précoce. Il assume rapidement la fonction de maître éducateur, au sein de la voie (tarîqa) ‘Alâwiyya dont il est le fondateur. Celle-ci, issue de la tradition Shâdhiliyya-Darqâwiyya, connaît alors une expansion fulgurante. De nos jours encore, l’influx initiatique du cheikh rayonne dans le monde, à travers les nombreuses ramifications de la voie-mère.
Le cheikh al-‘Alâwî a su harmoniser en lui les tensions de son époque, ne ménageant pas ses efforts face à l’action délétère de la France en Algérie, et nourrissant le débat avec les milieux musulmans hostiles au soufisme ; il a même employé à cet effet l’outil du journalisme.
Cette grande figure spirituelle du début du XXe siècle, à l’inspiration lumineuse et à l’ancrage profond dans l’Unicité divine (Tawhîd), a indubitablement apporté un souffle nouveau au soufisme, comme en témoigne l’importance de son oeuvre écrite.
Au-delà d’une biographie événementielle, Éric Geoffroy offre au lecteur des clés pour une meilleure perception de la spiritualité islamique.
Un éblouissement sans fin
Le soufisme
L'Islam sera spirituel ou ne sera plus
Le soufisme, voie intérieure de l’islam
Abd el-kader : un spirituel dans la modernité
Une voie soufie dans le monde : la Shâdhiliyya
La sagesse des maîtres soufis
Le Grand Livre des prénoms arabes
Soufisme et spiritualités en contexte de postmodernité
Initiation au soufisme
Jihâd et contemplation
L'instant soufi
Le soufisme en Egypte et en Syrie
Quelques Ouvrages Traduits

Introduction to Sufism: The Inner Path of Islam
Le soufisme, voie intérieure de l’islam
Un Eblouissement sans fin – La poésie dans le soufisme
L'Islam sera spirituel ou ne sera plus